dimanche 3 mai 2009

Un tour du côté de la Fosse-aux-Ours.

La Fosse-aux-Ours est le nom donné à une "creute" du Soissonnais.
Elle se situe à proximité de Soissons.

Dans le Soissonnais, on appelle "creute" (ou croutes plus dans le sud), ou "bove", les anciennes carrières de calcaire. Elles sont très nombreuses dans le Soissonnais, réparties sur le pourtour du plateau et ont donné leur nom à quelques villages ("Muret-et-Croutes", "Presles-et-Boves"...).

La creute de la Fosse-aux-ours est une de ces anciennes carrières.

Le pilier central de la Fosse-aux-Ours.

Peu de carrières sont encore en activité (il n'y a plus que trois carrières en exploitation dans le Soissonnais : Septmonts, Saint-Pierre-Aigle et Vassens). Par contre, elles ont souvent été réutilisées, soit pour l'agriculture (culture de champignons, lieu de stockage...), ou même comme lieu d'habitation, notamment pour les soldats de la Première Guerre mondiale ou, aux lendemains de la guerre, pour les civils venus se réinstaller dans la région en ruine.

Le pilier central de la Fosse-aux-Ours porte le témoignage de l'occupation de cette carrière par les soldats de la guerre 14-18.

Des blasons sculptés sur le pilier de la Fosse-aux-Ours.

Chose plutôt rare, sur ce pilier cohabitent des inscriptions laissées par les armées des deux camps. Sur cette photographie on peut voir en haut à gauche le blason du Grenadier-Regiment "Carl von Preussen" Nr 12, et plus bas, celui du 45e bataillon de chasseurs à pied français avec son cor de chasse (et la photographie coupe un blason de l'armée britannique : celui du Hampshire regiment).

Dans ce cas précis, les soldats de l'armée adverse ont respecté le travail des sculpteurs. Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. De nombreuses sculptures ou graffitis présentent des signes de dégradation (découpage à la tronçonneuse, tags...).

Une autre sculpture de la Fosse-aux-Ours.

Le sujet central de cette sculpture a disparu. Un exemple du péril dans lequel se trouve ce patrimoine particulier. Une association, "Soissonnais 14-18" fait beaucoup pour obtenir la protection de ce patrimoine.
Elle vient d'ailleurs de publier un très bel ouvrage sur "Le graffiti des tranchées. Graffitis, sculptures et autres traces de la Grande Guerre" (ouvrage coordonné par Hervé Vatel et Michel Boittiaux).

Des racines percent le "ciel".

Le "ciel" des carrières (le plafond), n'est parfois pas bien loin de la surface. En tout cas, sur la photographie ci-dessus, on peut voir les racines qui se sont frayées un chemin entre les interstices de la roche pour déboucher... à l'air libre. Certaines de ces carrières sont aussi menacées par l'érosion et le travail de sappe de la nature.

Tête de roi sculptée.

Un dernier exemple de sculpture trouvée dans une creute.

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